Celui de l’infrastructure sportive en Tunisie entre pénurie, mauvaise exploitation, manque d’entretien et corruption !
Le feu qui a pris au nostalgique palais des sports d’El Menzah a fait vibrer maintes générations de passionnés de sport qui ont grandi en présence de ce mythique monument du sport bâti en 1967. L’incendie, aussi choquant que terrible, a fait ressurgir le dossier de l’infrastructure sportive en Tunisie. Un dossier «tu» et passé sous silence tellement qu’il est entaché de mauvaise gestion et de corruption. On se plaint depuis des années de la pénurie des stades et des salles.
L’élite notamment, et les jeunes pratiquants, au même titre, en souffrent. A notre avis, le problème est beaucoup plus complexe. Si en football, l’état de nos stades est mauvais, ce n’est pas par pénurie, mais par mauvais entretien et surtout mauvaise gestion. On a beaucoup de stades gazonnés même dans des villes de clubs divisionnaires. Le problème est la disponibilité et surtout l’entretien. Notre infrastructure sportive dépend des municipalités à l’exception de la Cité nationale sportive (qui gère le stade d’El Menzah et de Radès, le Palais des sports, la piscine, les courts de tennis…) qui dépend du ministère. Les dotations, même moyennes, sont mal gérées. Derrière tout cela, une longue culture de corruption qui ferme les yeux sur les défauts de construction, le manque d’entretien, l’incompétence des chargés de la gestion des sites sportifs. Du coup, on a une infrastructure «déséquilibrée» entre régions, types de sports et exigences du moment. On a aussi une mauvaise gouvernance de la gestion de ces sites : comment expliquer l’inactivité du mythique Zouiten alors que les travaux de rénovation (près de 200.000 dinars) ont été achevés? Comment justifier la fermeture de la piscine du Belvédère, l’état délabré d’autres piscines à Gorjani ou à Kairouan? Sinon, y a-t-il une volonté politique de poursuivre en justice ces entrepreneurs défaillants qui ont spolié les deniers publics en construisant des salles ou des stades qui ne respectent pas les normes du cahier des charges? Sinon aussi, a-t-on réfléchi à remettre en question le mode actuel de la gestion des sites sportifs ?
Cet incendie est venu au bon moment peut-être pour nous rappeler que le dossier de l’infrastructure sportive en Tunisie est un énorme dossier qui, pour des raisons occultes, reste «tabou». Jusqu’à cet instant, on n’a pas une bonne idée de la politique (si elle existe) et des mesures qui gèrent l’infrastructure sportive. Le palais des sports a été sauvé in extremis. Alors, qu’on se mette à changer petit à petit ce décor «triste» et à mieux exploiter nos installations sportives.
